Illustration de Julie Faulques pour la "rue des enfants"
Petit clin d'oeil ce soir à un monde lointain....
Comment parler du Rouge sans évoquer l'histoire terrible du Petit Chaperon Rouge ?
Combien j'ai eu peur lorsque le loup questionnait la petit fille : j'avais tant envie de l'aider, de lui souffler de partir... Mais, à ce moment là, je n'avais pas tout lu. C'était bien avant qu'on ne me parle de psychologie, de psychanalyse...de la fonction œdipienne, du désir..... Certes, je n'avais rien compris assurément mais j'aimais déjà le Rouge de ce vêtement qui représentait pour moi, du courage, de la gentillesse et de la force, l'oubli de soi pour l'autre.
Ensuite, le Chaperon est devenu grand et l'histoire a bien changée de sens.
Je me souviens alors d'un livre que nous avions réalisé dans l'atelier avec Rose, professeur des écoles, et nous avions fait un livre du Petit Chaperon rouge coquin, faisant sa lessive quelque peu affriolante... Nous avions grandi...
La version de Maurice CAREME :
« Chaperon rouge est en voyage « ,
Ont dit les noisetiers tout bas.
« Loup aux aguets sous le feuillage,
N’attendez plus au coin du bois ».
Plus ne cherra la bobinette
Lorsque, d’une main qui tremblait,
Elle tirait la chevillette
En tendant déjà son bouquet.
Mère-grand n’est plus au village.
On l’a conduite à l’hôpital
Où la fièvre, dans un mirage,
Lui montre son clocher natal.
Et chaperon rouge regrette,
Le nez sur la vitre du train ,
Les papillons bleus, les fleurettes
Et le loup qui parlait si bien.


Que de mystères autour de ce conte du chaperon rouge. La question qui me vient aujourd'hui : pourquoi le rouge?? Mes recherches m'ont amenée au travail de Michel Pastoureau qui écrit:
RépondreSupprimer"Reste une explication d’ordre sémiologique, tirée de la structure même du conte et de la distribution ternaire des couleurs : la petite fille vêtue de rouge porte un pot de beurre blanc à une grand-mère habillée de noir (le remplacement dans le lit de la grand-mère par le loup ne changeant rien à l’emploi de cette couleur : le loup est noir lui aussi). Nous retrouvons là les trois couleurs symboliques "de base" des sociétés anciennes, celles autour desquelles notamment s’articulent tous les contes et toutes les fables. Dans celle du Corbeau et du renard, par exemple, un corbeau noir sur un arbre perché laisse tomber un fromage blanc dont s’empare un renard rouge. Et dans l’histoire de Blanche-Neige, une sorcière vêtue de noir offre une pomme rouge (empoisonnée) à une jeune fille au teint "blanc comme neige". Dans les trois cas, la distribution des couleurs varie mais leur dynamique s’articule autour des trois mêmes pôles symboliques : blanc, rouge, noir.
Peut-on aller plus loin dans l’analyse ?"
Vraiment Geneviève tes pistes nous mènent sur des chemins inattendus.
Merci à toi
Catherine
Merci pour ces compléments venus d'une source dont j'aime les écrits. Ecouter parler Michel Pastoureau nous grandit !
RépondreSupprimerJe pensais évoquer aujourd'hui justement la pomme de Blanche Neige et les magnifiques champignons qui décorent les forets dans les livres d'enfants mais tu en parles bien mieux que moi.
Merci Catherine pour ces commentaires.